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Ibrahim Traoré a-t-il sollicité le Tchad pour assurer sa sécurité personnelle ?

Allégation : Des rumeurs affirment qu’Ibrahim Traoré aurait sollicité l’aide du Tchad en demandant 200 hommes pour assurer sa sécurité personnelle.

Verdict : Faux, Le capitaine Ibrahim Traoré n’a pas engagé 200 hommes pour assurer sa sécurité personnelle.

Le 12 mai 2025, un internaute identifié sous le pseudonyme @JeanB_Zongo, suivi par plus de 10,9K abonnés sur X (anciennement Twitter), a publié le message suivant :

« Vomi par le reste de l’armée, Ibrahim Traoré a fait appel au Tchad 🇹🇩 pour solliciter 200 hommes pour assurer sa sécurité personnelle ! Le président tchadien a refusé. »

Ce tweet, véhiculant une affirmation grave sur l’isolement du président de la transition burkinabè au sein de son armée et sa prétendue demande d’aide sécuritaire au Tchad, a rapidement gagné en visibilité. Au moment de la consultation, la publication enregistrait 11,8K vues, 28 retweets, 37 commentaires et 127 mentions « J’aime », ce qui en fait un contenu potentiellement viral.

En raison de la portée de cette rumeur et de son impact sur le débat public, notre équipe de vérification des faits  AFRICHECK a jugé nécessaire de mener une enquête approfondie afin de vérifier la véracité de ces propos et d’éclairer les internautes.

 

VERIFICATION DES FAITS

Existence d’une aide du Tchad pour la garde présidentielle d’Ibrahim Traoré ?

 

D’après une analyse approfondie menée par notre équipe, aucun élément vérifiable ne confirme que le capitaine Ibrahim Traoré ait sollicité l’armée tchadienne pour assurer sa protection personnelle. Aucune déclaration officielle, ni du côté du Burkina Faso ni du Tchad, ne vient appuyer cette affirmation. Par ailleurs, le Burkina Faso fait partie de l’Alliance des États du Sahel (AES), une organisation de coopération militaire entre pays membres, qui prévoit déjà des clauses de solidarité et de soutien sécuritaire entre États, rendant peu probable un appel bilatéral au Tchad en dehors de ce cadre.

Sur le plan géopolitique, la position du Tchad reste particulière dans la sous-région. Bien que le Tchad s’éloigne de la France, des désaccords persistent avec le Burkina, notamment sur les alliances régionales (AES vs CEDEAO), la radicalité politique et le degré de rapprochement avec la Russie.

Dirigé par Mahamat Idriss Déby. Ces divergences stratégiques rendent peu plausible une telle coopération sécuritaire bilatérale entre les deux États, en particulier dans le domaine sensible de la protection présidentielle.

Enfin, le président Traoré est principalement entouré de forces burkinabè loyales, issues de l’armée nationale, ainsi que de groupes de confiance. Il bénéficie également du soutien de milices locales et de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), mobilisés dans la lutte contre le terrorisme. En conséquence, l’affirmation selon laquelle le capitaine Ibrahim Traoré aurait demandé 200 soldats tchadiens pour assurer sa sécurité est fausse. 

Existence d’une note ou communiqué du ministère des Armées tchadien sur une aide à la protection du président Ibrahim Traoré ?

 

Aucune preuve officielle ne vient confirmer la rumeur d’un déploiement de 200 soldats tchadiens au Burkina Faso. Après une recherche approfondie, il apparaît qu’aucun site officiel, tchadien, n’a relayé une telle information. Au contraire, les autorités tchadiennes ont formellement démenti cette affirmation. Selon une déclaration rapportée par le média Alwihda Info, le Directeur général de la communication à la présidence du Tchad, Hassan Abdelkérim Bouyebri, a nié toute demande de coopération militaire émanant du président de la transition burkinabè, Ibrahim Traoré. Il a précisé que cette question n’a jamais été abordée dans les échanges entre les deux chefs d’État.

Pour approfondir la vérification, nous avons adressé une demande d’information officielle au ministère de la Défense tchadien. Jusqu’à présent, aucune note ou communiqué ne confirme l’existence d’un tel déploiement. De plus, nos tentatives de contact direct avec la direction du ministère par téléphone sont restées sans réponse. Un message a également été envoyé via le numéro WhatsApp officiel du ministère de la Défense (+235 66 26 21 45), sans qu’aucun retour ne nous soit parvenu.

 

Message adressé au ministre de la Défense du Tchad
Message adressé au ministère de la Défense du Tchad

 

En l’absence de documents officiels, de déclarations publiques confirmées ou de relais par des médias fiables, cette affirmation reste infondée. Aucun élément tangible ne permet de soutenir l’idée selon laquelle le Tchad aurait envoyé 200 hommes pour assurer la protection personnelle du capitaine Ibrahim Traoré.

Existence d’une note ou communiqué du ministère des Armées Burkinabès sur une aide à la protection du président Ibrahim Traoré

 

D’après une vérification effectuée sur le site officiel du ministère de la Défense du Burkina Faso, aucune information ne confirme le déploiement d’un contingent militaire tchadien composé de 200 hommes pour assurer la protection du président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré. Aucun communiqué, note officielle ou rapport d’activité ne fait état d’une telle opération conjointe ou d’un accord militaire entre Ouagadougou et N’Djamena à ce sujet.

Par ailleurs, une source sécuritaire locale contactée sur place affirme que ces allégations sont infondées. Selon les renseignements disponibles, aucun élément concret ne vient étayer cette affirmation, qui ne repose sur aucune preuve vérifiable. En l’état actuel, ces déclarations s’apparentent davantage à une rumeur non étayée qu’à une information confirmée par des faits ou des documents officiels.

 

Conclusion :

L’affirmation selon laquelle le capitaine Ibrahim Traoré aurait sollicité le Tchad pour déployer 200 hommes en vue d’assurer sa sécurité personnelle est fausse. Après une vérification rigoureuse menée par AFRICHECK, aucun élément concret, document officiel, ni déclaration des autorités burkinabè ou tchadiennes ne vient corroborer cette rumeur. Au contraire, les sources officielles contactées démentent catégoriquement une telle demande. Le président de la transition burkinabè s’appuie principalement sur des forces nationales et locales pour sa sécurité. Dès lors, cette information relève de la désinformation et participe à la propagation de contenus infondés sur les réseaux sociaux.

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