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Peut-on vraiment tomber enceinte deux fois ? Décryptage du phénomène de la superfétation

Allégation :  Est-il possible pour une femme de concevoir un second enfant alors qu’elle est déjà enceinte ?

Verdict :   Rare mais possible

Imaginez une femme enceinte qui découvre, quelques semaines plus tard, qu’elle attend un deuxième bébé conçu après le premier. Aussi incroyable que cela puisse paraître, certaines histoires relayées sur les réseaux sociaux et dans les médias affirment que cela est scientifiquement possible. Ce phénomène, connu sous le nom de superfétation, intrigue autant qu’il surprend.

Mais est-il réellement possible de concevoir un enfant alors qu’une grossesse est déjà en cours ? En temps normal, le corps de la femme met en place plusieurs mécanismes pour empêcher une nouvelle ovulation après la fécondation. Pourtant, certains cas prétendent prouver que la superfétation existe chez les humains.

Alors, info ou intox ? La superfétation est-elle un mythe médical ou une réalité rare mais avérée ? Dans cet article, nous passons en revue les faits scientifiques, les témoignages et les explications médicales pour démêler le vrai du faux.

Comprendre la superfétation : un phénomène rare et surprenant

La superfétation est un phénomène médical extrêmement rare, où une femme conçoit un deuxième embryon alors qu’elle est déjà enceinte. Contrairement à une grossesse gémellaire classique, où deux embryons sont conçus simultanément, la superfétation implique une fécondation décalée dans le temps, c’est-à-dire qu’un nouvel ovule est fertilisé après le début d’une première grossesse.

Ce phénomène, bien que surprenant, soulève des questions médicales importantes. La double grossesse représente un défi pour les professionnels de la santé, car elle peut entraîner des risques accrus pour la mère et les bébés. Comprendre la superfétation, ses causes et ses éventuelles complications est essentiel pour garantir un suivi médical adapté. Bien que fascinante, cette situation inhabituelle nécessite une prise en charge particulière pour assurer le bien-être de la mère et des deux fœtus en développement.

Pourquoi une nouvelle grossesse est-elle normalement impossible ?

Dans une grossesse classique, plusieurs mécanismes biologiques empêchent une nouvelle ovulation et fécondation après la conception :

  • Blocage hormonal : Dès qu’un ovule est fécondé et s’implante dans l’utérus, l’organisme produit des hormones (comme la progestérone) qui stoppent le cycle menstruel et empêchent une nouvelle ovulation.
  • Modification de l’utérus : La muqueuse utérine se transforme pour accueillir l’embryon déjà implanté, rendant difficile l’implantation d’un autre ovule fécondé.
  • Fermeture du col de l’utérus : Un bouchon muqueux se forme pour protéger la grossesse en cours, bloquant ainsi l’entrée de nouveaux spermatozoïdes.

Quand et comment la superfétation peut-elle se produire ?

Bien que ces mécanismes rendent une deuxième conception improbable, la superfétation peut exceptionnellement se produire lorsque :

  1. L’ovulation continue malgré la grossesse : Dans de très rares cas, le système hormonal ne bloque pas complètement l’ovulation, permettant la libération d’un nouvel ovule.
  2. Les spermatozoïdes fécondent un nouvel ovule : Si un rapport sexuel a lieu alors qu’un ovule est libéré après la première conception, il peut être fécondé.
  3. L’utérus permet une seconde implantation : Dans des circonstances exceptionnelles, l’utérus reste réceptif à un nouvel embryon, ce qui permet son développement aux côtés du premier.

La superfétation a été documentée dans quelques cas médicaux, mais elle reste une exception rarissime chez les humains. En revanche, ce phénomène est plus fréquent chez certains animaux comme les lapins, les chevaux ou les poissons.

Alors, mythe ou réalité ? Si la superfétation est médicalement possible, elle ne concerne qu’un nombre infime de grossesses humaines, rendant ce phénomène plus fascinant qu’inquiétant.

Les cas médicaux confirmés de superfétation : entre science et exception

Une rareté reconnue par la science

La superfétation est un phénomène médical extrêmement rare, au point que seulement dix cas confirmés ont été recensés et validés par la communauté scientifique. D’après une revue scientifique publiée sur EM-Consulte, ce phénomène se produit lorsqu’un nouvel ovule est fécondé et implanté alors qu’un embryon est déjà en développement dans l’utérus. Normalement, la grossesse entraîne un blocage des cycles hormonaux, empêchant toute ovulation ultérieure. Pourtant, des observations cliniques attestent que, dans des circonstances rares, une nouvelle fécondation peut se produire, bouleversant les connaissances habituelles en obstétrique.

Quelques cas de superfétation recensés

Parmi les exemples les plus connus, on retrouve le cas de Kate Hill, une Australienne, qui en 2015 a conçu deux bébés à dix jours d’intervalle. Bien qu’elles soient nées le même jour, Charlotte et Olivia présentaient des différences de poids, de développement et même de groupe sanguin, prouvant que leur conception ne s’était pas produite simultanément. Les médecins ont confirmé qu’il s’agissait d’un exemple rare mais avéré de superfétation, comme rapporté par Curioctopus.

Un autre cas a été signalé en Californie en 2016, où une femme a découvert qu’elle portait deux fœtus conçus à des semaines d’écart. L’analyse de son dossier médical a permis aux spécialistes de confirmer la superfétation comme origine de cette double grossesse. Wikipedia référence plusieurs autres cas isolés, qui démontrent que bien que ce phénomène soit rare, il est bel et bien possible dans certaines conditions exceptionnelles.

Distinction entre réalité médicale et croyances populaires

Il est essentiel de distinguer la superfétation des idées reçues ou des exagérations. Certaines croyances populaires attribuent à tort des naissances rapprochées à la superfétation, alors qu’elles résultent souvent de grossesses multiples classiques ou de superfécondation, où deux ovules sont fécondés lors d’un même cycle par des spermatozoïdes différents. La superfétation implique une conception à des moments distincts, ce qui la rend particulièrement rare et souvent mal comprise.

Témoignage d’une sage-femme togolaise sur la superfétation

Dans le cadre de notre enquête sur la superfétation, AFRICHECK a recueilli le témoignage d’une sage-femme exerçant au Togo. Son expérience et ses connaissances apportent un éclairage précieux sur ce phénomène rare et souvent méconnu.

Voici un extrait de son témoignage :

« Depuis 6 ans que je pratique ce métier, je n’ai jamais rencontré de cas de superfétation. En revanche, il m’est arrivé de constater des grossesses survenant malgré l’utilisation d’un moyen de contraception, comme un dispositif intra-utérin ou la prise régulière de pilules. C’est pourquoi nous précisons toujours que ces méthodes contraceptives sont efficaces à 99%, et non à 100%. »

Elle ajoute :

« Même durant ma formation, aucun chapitre n’était consacré à la superfétation. Peut-être que cela a changé aujourd’hui… Personnellement, c’est la première fois que j’en entends parler. La question que je me pose est : si une femme tombe enceinte une deuxième fois alors qu’elle est déjà enceinte, où le second enfant se développerait-il ? »

La sage-femme a ensuite évoqué les grossesses gémellaires :

« Il existe des grossesses gémellaires où l’un des fœtus se développe dans l’utérus, tandis que l’autre reste dans la trompe. Dans ce cas, on parle de jumeaux. Parfois, un jumeau se développe au détriment de l’autre, qui finit par se résorber et meurt dans le ventre de la mère. Il est alors expulsé à l’accouchement sans problème. Mais il ne s’agit pas de superfétation. »

Enfin, interrogée sur les méthodes de contraception qu’elle conseille, elle a répondu :

« Je recommande souvent la méthode injectable. Depuis que j’exerce, aucune patiente utilisant cette méthode n’est tombée enceinte de manière imprévue. Cependant, il faut savoir que toutes les méthodes contraceptives ont des effets indésirables à long terme, même si on ne le dit pas toujours. »

En conclusion, bien que la superfétation soit un phénomène avéré, elle demeure une exception médicale. Les cas confirmés sont extrêmement rares, et il est crucial de s’appuyer sur des données scientifiques pour comprendre et différencier ce phénomène des autres types de grossesses multiples.

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