Cameroun : La vérité sur l’attaque attribuée à Boko Haram dans l’Extrême-Nord

Allégation : Une attaque de Boko Haram au Cameroun aurait causé plusieurs morts et d’importantes destructions dans l’Extrême-Nord, selon des messages largement relayés sur WhatsApp et les réseaux sociaux.
Verdict : une attaque probable, mais en attente de confirmation
Depuis le 9 février 2025, un message alarmant circule sur WhatsApp et X, affirmant qu’une attaque de Boko Haram aurait frappé un village de l’Extrême-Nord du Cameroun, faisant plusieurs morts et d’importants dégâts. Cette information s’inscrit dans un contexte de violences répétées dans la région du Lac Tchad, où Boko Haram multiplie les attaques contre les populations civiles malgré les opérations militaires en cours.
Face à la vitesse de propagation de cette information, il est essentiel de vérifier sa crédibilité. Africheck a mené l’enquête en analysant les sources disponibles, en confrontant les faits aux déclarations officielles et en examinant le contexte sécuritaire. Que s’est-il réellement passé ? Cette attaque a-t-elle eu lieu ? Nous faisons le point.
Vérification des faits
Les sources disponibles sur l’attaque de Boko Haram au Cameroun
Depuis le 9 février 2025, plusieurs médias et publications sur X (ex-Twitter) ont signalé une attaque présumée attribuée à Boko Haram dans le village de Sanda Wajiri, situé dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Selon ces sources, l’assaut aurait causé la mort de quatre personnes et entraîné la destruction de plusieurs habitations et stocks alimentaires.
Cameroon Magazine évoque quatre morts et un incendie partiel du village, citant des sources militaires anonymes. Afrique sur7 rapporte que les habitants ont opposé une résistance et auraient réussi à tuer un assaillant avant que le groupe ne batte en retraite. Sahara Reporters, dans un post X du 10 février 2025, cite Zagazola Makama, expert en sécurité, qui mentionne des destructions matérielles importantes et une situation critique pour les villageois après l’attaque.
Toutefois, aucune preuve visuelle ni document officiel émanant des autorités camerounaises ne vient corroborer ces affirmations. À ce jour, aucun communiqué du gouvernement, du ministère de la Défense ou des forces de sécurité n’a été publié pour confirmer l’incident.

Des contradictions entre les versions rapportées
Bien que plusieurs sources mentionnent cette attaque présumée, des incohérences apparaissent dans les différents récits.
Concernant le déroulement des faits, certaines sources parlent d’un assaut surprise qui aurait fait plusieurs victimes civiles, tandis que d’autres insistent sur une confrontation avec les habitants. L’ampleur des destructions varie également d’un incendie partiel du village à la destruction totale des stocks alimentaires et d’autres infrastructures essentielles.
Les sources utilisées pour relayer cette information proviennent essentiellement de témoins anonymes ou d’analystes externes. L’absence de confirmation par les autorités locales ou les médias officiels renforce les doutes quant à l’exactitude des faits rapportés.
Pourquoi faut-il rester prudent face à ces informations ?
L’absence de confirmation officielle soulève des questions quant à la véracité de cette attaque. Ni le gouvernement camerounais, ni les forces armées, ni les médias publics tels que la CRTV ou Cameroon Tribune n’ont relayé cette information. De plus, les zones où Boko Haram opère étant difficilement accessibles, il est fréquent que des rumeurs circulent sans fondement solide.
La désinformation en période de conflit est une réalité bien documentée. Les groupes armés et certains acteurs politiques ont parfois intérêt à exagérer ou à diffuser des informations erronées pour influencer l’opinion publique, mobiliser du soutien ou justifier certaines actions militaires. Ce type de manipulation a été observé dans d’autres attaques présumées de Boko Haram, où des informations relayées sur les réseaux sociaux se sont révélées exagérées ou totalement infondées après enquête.
Les informations disponibles laissent penser qu’une attaque a pu avoir lieu à Sanda Wajiri. Toutefois, l’absence de preuves tangibles, les divergences dans les témoignages et le silence des autorités empêchent de confirmer avec certitude tous les détails rapportés.
Si la menace Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun est une réalité, chaque incident doit être analysé avec rigueur afin d’éviter la propagation de fausses informations. À ce stade, cette attaque présumée est classée en attente de confirmation officielle.
AFRICHECK continuera de suivre l’évolution de la situation et actualisera cet article si de nouveaux éléments vérifiables viennent confirmer ou infirmer ces affirmations.