Commenter les vidéos de Johnny Patcheko pourrait mener à des poursuites judiciaires ?

Allégation : Toute personne commentant les vidéos de Johnny Patcheko en Côte d’Ivoire serait passible de poursuites judiciaires et de peine de prison.
Verdict : Faux ! Aucun document officiel ne justifie l’arrestation de toute personne commentant sous les vidéos de Johnny Patcheko.
Depuis le 20 février, un compte X nommé Emmanuel Tapsoba (20,9K abonnés) a publié une information affirmant que :Toute personne qui apposera des commentaires sous les vidéos de Johnny Patcheko, en direct ou en différé, et vivant sur le territoire ivoirien, fera l’objet de poursuites judiciaires et sera passible d’une peine de prison.
Cette déclaration a rapidement pris une ampleur virale sur les réseaux sociaux, enregistrant 157,2K vues, 305 commentaires, 249 retweets et 831 mentions « J’aime ».
Face à cette situation, notre site de recherche et de vérification des faits, AFRICHECK, a décidé de mener une enquête afin d’éclairer la population sur la véracité de cette information.
VÉRIFICATION DES FAITS
Existence du personnage Johnny Patcheko
Johnny Patcheko, de son vrai nom Koukougnon Christ Yvon, est un cyberactiviste ivoirien connu pour ses interventions marquées sur les réseaux sociaux. Ancien gendarme et membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), il s’est engagé dans l’activisme à partir de 2011, adoptant une posture critique vis-à-vis du pouvoir en place après la chute de Laurent Gbagbo.
Son positionnement politique a évolué au fil du temps, passant du soutien au régime d’Alassane Ouattara à une opposition ouverte contre certaines figures de l’exécutif. Dernièrement, ses propos à l’encontre de la Première Dame, Dominique Ouattara, ont conduit le ministère en charge des questions familiales à saisir le procureur de la République pour des accusations de calomnie et de diffamation.
Rechercher des déclarations du Procureur de la République et des sources officielles
Après vérification des sources disponibles, aucune note officielle émanant du procureur de la République de Côte d’Ivoire n’a été publiée en date du 20 février 2025. Cette prétendue déclaration, selon laquelle toute personne commentant les vidéos de Johnny Patcheko en direct ou en différé sur le territoire ivoirien ferait l’objet de poursuites judiciaires et risquerait une peine de prison, ne repose sur aucun document authentifié. Les dernières déclarations officielles du procureur Koné Braman Oumar remontent au 13 février 2025, et portaient sur d’autres affaires judiciaires en cours.
Par ailleurs, après une recherche approfondie des sites gouvernementaux et des plateformes officielles, aucun communiqué ne confirme une telle mesure. Aucun texte de loi ou déclaration publique ne vient appuyer cette affirmation.
D’autre part , aucun communiqué ni émission de la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), étant considérée comme la plus populaire et relayant de nombreuses informations, ne stipule que Toute personne commentant les vidéos de ce dernier et résidant en Côte d’Ivoire serait passible de poursuites.
De plus, une vidéo récente montre une communauté discutant de cette information, mettant en doute sa véracité et suggérant qu’il s’agirait d’une fausse note manipulée. Cependant, aucune de ces informations ne mentionne des poursuites contre les personnes commentant ses vidéos, ni une note de la Haute Autorité de la Communication (HACA) à ce sujet. Par conséquent, cette information est fausse.
Analyser le cadre juridique en vigueur
Selon l’Article 18 de la Constitution de la Côte d’Ivoire, « La liberté de communication et d’expression est garantie. Elle comprend la liberté d’opinion, la liberté d’information, la liberté de la presse et la liberté des autres moyens de communication. »
Par conséquent, une personne qui poste un simple commentaire sur une vidéo d’un internaute en Côte d’Ivoire ne sera pas automatiquement interpellée ni mise en prison, sauf si le commentaire enfreint des lois spécifiques sur la diffamation, l’incitation à la haine, ou d’autres infractions pénales graves. Cela dépendra de la nature du commentaire et de son impact. En définitive, selon cette règle juridique, cela remet en doute la véracité de l’information qui semble infondée.
Vérifier l’origine des sources de la rumeur
D’après une recherche effectuée avec Google Lens, nous avons constaté que la prétendue nouvelle a été publiée par le compte Twitter Emmanuel Tapsoba, qui est un compte personnel d’un internaute et non une source officielle. Ce compte aurait relayé une information selon laquelle : »Toute personne qui va apposer des commentaires sous les vidéos de Johnny Patcheko en direct ou en différé et vivant sur le territoire ivoirien sera l’objet de poursuite judiciaire et passible de peine de prison. »
Par conséquent, cette affirmation apparaît comme infondée, car elle ne respecte pas les normes en vigueur et ne provient d’aucune autorité authentique de la Côte d’Ivoire. Aucune communication officielle de la part des institutions compétentes du pays ne confirme une telle mesure. Il s’agit donc d’une information non vérifiée, susceptible d’induire en erreur.
Analyse du document supposé être le communiqué de la HACA.
D’après des recherches menées auprès de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) de la Côte d’Ivoire, il n’existe aucune note officielle publiée par cette institution. Il en découle que cette note semble être une manipulation, impliquant l’utilisation des sceaux de l’institution pour diffuser un document frauduleux. Plusieurs comptes ont relayé des informations concernant la véracité de ce document, remettant en cause son authenticité. Voir : ICI .
D’après une analyse visuelle et structurelle, nous avons constaté que le document officiel de la HACA diffère de celui qui a été émis dans le cadre contextuel mentionné ci-dessus.
Conclusion
En définitif, aucune preuve officielle ne corrobore l’affirmation selon laquelle les personnes commentant sous les vidéos de Johnny Patcheko seraient arrêtées. En l’absence de documents ou de sources officielles attestant de telles actions, cette information doit être considérée comme fausse. Il est essentiel de vérifier les faits avant de relayer des rumeurs susceptibles de semer la confusion ou la peur.