Fact Checks

Non, cette vidéo ne montre pas un mariage d’enfant, mais le peuple Himbas et Zoulous

Allégation : Une vidéo virale montrerait le mariage forcé d’une fillette de 12 ans avec un homme de 82 ans dans une tribu africaine.

Verdict : Faux, La vidéo montre des Himbas de Namibie, et non un mariage forcé.

 

Depuis quelques jours, le compte YouTube @IssakaTEZZ a publié une vidéo dans laquelle il affirme que le peuple montré serait celui des Ongny.  

Vu la portée culturelle que le monde entier accorde à ces ethnies, la vidéo est rapidement devenue virale, ce qui a entraîné une vague de réactions, de partages et de désinformation., la vidéo est devenue extrêmement virale, générant plus de 2,4 millions de vues, 361 commentaires et 39 000 likes. Cette prolifération d’informations a poussé notre site de recherche et de vérification des faits, AFRICHECK, à mener une analyse approfondie des différentes tribus montrées dans la vidéo, afin d’éclairer le public.

 

VERIFICATION DES FAITS

 

Existence des identités : les Himbas, les Zoulous et les Ongny

 

LES HIMBAS (Namibie)
Himbas
Himbas

 

Les Himbas sont un peuple autochtone vivant principalement dans le nord de la Namibie, notamment dans la région de Kunene, près de la frontière avec l’Angola. Semi-nomades et pasteurs, ils élèvent des chèvres, des vaches et dépendent des ressources naturelles pour survivre dans un environnement aride. Leur société est organisée de manière clanique, avec un système de chefferie traditionnelle. La culture himba est particulièrement connue pour son esthétique : les femmes enduisent leur corps d’un mélange de graisse animale et de poudre d’ocre rouge, appelé otjize, qui sert à la fois de protection solaire, d’ornement et de symbole

identitaire. Les Himbas parlent un dialecte du herero, une langue bantoue. Malgré la modernisation progressive de la Namibie, les Himbas conservent farouchement leur mode de vie traditionnel, bien que leur territoire soit menacé par des projets d’infrastructures, notamment des barrages et des routes. Ils sont aujourd’hui considérés comme un groupe indigène vulnérable, dont les droits culturels font l’objet de débats internationaux.
Lire : UNESCO , Survival International.

 

LES ZOULOUS (Afrique du Sud)
Zoulou
Zoulou

 

Les Zoulous représentent l’un des plus grands groupes ethniques d’Afrique australe, avec une population d’environ 10 millions de personnes, principalement installées dans la province du KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud. Historiquement, leur puissance a atteint son apogée au début du XIXe siècle sous le règne du célèbre roi Shaka Zulu, qui a unifié plusieurs clans et imposé une discipline militaire redoutable. Le royaume zoulou a joué un rôle central dans les conflits contre les Britanniques et les Boers. Aujourd’hui, bien que les Zoulous soient intégrés dans la nation sud-africaine moderne, leur culture traditionnelle reste très vivante à travers la langue isiZulu, l’une des 11 langues officielles du pays, ainsi que leurs danses, leurs chants et leurs cérémonies ancestrales. La royauté zouloue, bien que symbolique dans le cadre constitutionnel sud-africain, continue d’exister et d’exercer une influence socioculturelle forte. Leur histoire, leur résilience et leur attachement à l’identité communautaire en font un pilier important du patrimoine sud-africain.
Lire : South African History Online ,Britannica.

 

LES ONGNY ?

Le nom « Ongny » semble être le résultat d’une mauvaise transcription, d’une erreur de prononciation ou tout simplement d’une invention, dans un contexte de désinformation en ligne. À ce jour, aucune ethnie africaine connue ne porte ce nom, que ce soit en Namibie, en Afrique du Sud ou au Nigeria. Dans la vidéo analysée, le terme est utilisé à tort pour désigner un groupe qui s’avère être le peuple Himba originaire du nord de la Namibie et Zoulou de la Sud Afrique.

 

Analyse structurelle de la vidéo

 

Analyse de la vidéo par l’outil InVID Veryfy.
Analyse de la vidéo par l’outil InVID Veryfy.

 

En passant la vidéo au peigne fin, à l’aide d’une analyse structurée image par image, nous avons constaté qu’elle est composée de deux séquences distinctes. La première montre une jeune fille issue du peuple Himba, connu pour ses traditions au nord de la Namibie, tandis que la seconde met en scène des membres du peuple Zoulou, originaire d’Afrique du Sud. Il s’agit donc d’un montage de deux vidéos sans lien culturel ou géographique direct. Les éléments étant clairement différents, la vidéo ne concerne en rien un supposé mariage entre une fillette de 12 ans et un homme de 82 ans. De plus, elle n’a aucun rapport avec le peuple Ogoni.

Provenance des séquences dans la vidéo

Grâce à une recherche inversée via Google Lens, les images issues de la vidéo ont pu être analysées avec précision. Cette démarche a permis de détecter que les extraits proviennent en réalité de deux vidéos distinctes, montées ensemble pour créer un contenu trompeur. La première séquence est issue d’une vidéo représentant la tribu Himba, originaire de Namibie, tandis que la seconde montre des membres de la culture zouloue, basée en Afrique du Sud. Ces deux sources ont été détournées pour produire un montage vidéo mensonger. Par conséquent, il ne s’agit en aucun cas de la tribu Ogni, qui, elle, est véritablement issue du Nigeria. L’information relayée est donc fausse et contribue à une désinformation basée sur un détournement d’images culturelles africaines authentiques.

Conclusion
Contrairement à l’allégation virale affirmant qu’il s’agit du mariage forcé d’une fillette de 12 ans avec un homme de 82 ans, l’analyse rigoureuse des images, appuyée par une recherche inversée et des sources reconnues comme UNESCO, South African History Online ou encore Amnesty International, démontre que la vidéo est un montage trompeur. Elle juxtapose deux séquences distinctes représentant des scènes de la vie culturelle des peuples Himba (Namibie) et Zoulou (Afrique du Sud), sans aucun lien avec la communauté Ogoni du Nigeria. En diffusant ce contenu sans contextualisation ni vérification, l’auteur contribue à une désinformation préjudiciable, qui déforme la richesse des identités culturelles africaines à des fins sensationnalistes.

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