Fact Checks

Le capitaine Ibrahim favorise-t-il les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds ?

ALLÉGATIONS : Le capitaine permettrait à toute personne de venir voler au Burkina, car Ibrahim favorise les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds.

Verdict : Faux, aucune source officielle ne mentionne un favoritisme envers les voleurs tout en punissant les détourneurs de fonds et les criminels.

Depuis quelques jours, une vidéo publiée sur YouTube par un compte nommé POLITIQUE+226 comptant plus de 120 000 abonnés circule largement. Dans cette vidéo, il est affirmé que le président Ibrahim Traoré aurait permis à tout le monde de venir voler au Burkina Faso, en favorisant les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds. Cette rumeur a rapidement pris de l’ampleur, la vidéo devenant virale avec plus de 993 000 vues, 51 000 likes et 619 commentaires. Face à l’ampleur de cette rumeur, notre site de recherche et de vérification des faits, AFRICHECK, a mené des vérifications afin d’éclairer le public.

VERIFICATION DES FAITS

Identification de la source et du contexte

L’internaute à l’origine de cette déclaration est le propriétaire du compte POLITIQUE+226, un créateur de contenu sur YouTube traitant de l’actualité au Burkina Faso. D’après une analyse effectuée à l’aide de vidIQ, cet internaute publie des informations généralistes avec un style de montage amateur. Cependant, ses publications ne reposent souvent sur aucune source authentifiée, et certaines d’entre elles présentent des déformations des faits. Ainsi, la crédibilité de ce compte est limitée, car il ne garantit pas la véracité des informations diffusées. Par conséquent, l’affirmation selon laquelle « Le capitaine Ibrahim favorise les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds » semble infondée et ne repose sur aucun élément factuel vérifiable.

Vérification des faits auprès de sources officielles

D’après une recoupe des informations auprès des autorités officielles, nous avons constaté que le Burkina Faso a entrepris des réformes significatives de son système judiciaire ces dernières années, notamment en révisant son code pénal et en envisageant des modifications constitutionnelles. Selon la loi n°025-2018/AN portant code pénal, les infractions sont classées en trois catégories : les crimes, passibles d’une peine d’emprisonnement à vie ou supérieure à dix ans ; les délits, punis d’une peine d’emprisonnement de 30 jours à 10 ans soit d’une amende supérieure à 200 000 francs CFA ; et les contraventions, sanctionnées par une amende n’excédant pas 200 000 francs CFA. Ces réformes témoignent de l’engagement du gouvernement burkinabé à renforcer la justice et à limiter l’impunité, ce qui va à l’encontre de l’idée que Le capitaine Ibrahim favorise les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds.

De plus, la loi n°040-2019/AN portant code de procédure pénale stipule que, sauf dispositions particulières, l’action publique pour les crimes se prescrit par dix ans à compter du jour où le crime a été commis, si aucune action d’instruction ou de poursuite n’a eu lieu durant cette période. Cela renforce la transparence et la rigueur judiciaire au Burkina Faso, réduisant la possibilité de favoritisme envers les criminels ou détourneurs de fonds. Contrairement aux accusations selon lesquelles le capitaine Ibrahim favorise les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds, ces réformes montrent clairement une volonté d’améliorer le système judiciaire et de lutter contre l’impunité.

Pour étayer nos affirmations, nous avons consulté plusieurs articles de presse et analyses d’experts traitant des récentes évolutions du système judiciaire burkinabé, notamment en ce qui concerne la peine de mort et les réformes constitutionnelles. Un article de The Guardian rapporte que le Burkina Faso envisage de réintroduire la peine de mort, abolie en 2018. Le ministre de la Justice, Rodrigue Bayala, a indiqué que cette question est débattue dans le cadre de l’élaboration du nouveau code pénal, reflétant les orientations du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis 2022. Ces informations indiquent clairement que le capitaine Ibrahim Traoré privilégie les réformes judiciaires et ne soutient ni ne favorise les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds, ce qui rend infondée l’affirmation selon laquelle il leur accorderait un traitement de faveur.

Comparaison avec des cas concrets

D’après les informations disponibles, il n’existe pas de preuves récentes indiquant que des voleurs ont été relâchés tandis que des criminels et des détourneurs de fonds ont été privilégiés au Burkina Faso. Les réformes judiciaires entreprises ces dernières années, notamment la révision du code pénal et l’introduction de lois comme la loi n°025-2018/AN, visent à renforcer l’efficacité du système judiciaire et à lutter contre l’impunité. Ces réformes montrent clairement que le capitaine Ibrahim ne favorise pas les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds, mais cherche à garantir une justice équitable pour tous.

Les statistiques judiciaires de 2020 montrent que parmi les décisions des chambres criminelles, 84,7% étaient des condamnations, ce qui reflète un système judiciaire actif dans le traitement des affaires criminelles. Bien que des préoccupations subsistent concernant la libération de certains individus, comme ce fut le cas pour quatre ressortissants français accusés d’espionnage en décembre 2024, ces incidents ne constituent pas une tendance généralisée favorisant les criminels ou les détourneurs de fonds. Ces informations ne montrent aucune preuve que le capitaine favoriserait les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds. Lire :AP ; Reuteurs.

En l’absence de données spécifiques montrant que des voleurs ont été relâchés au profit de criminels ou de détourneurs de fonds, il est difficile de confirmer une telle tendance. Les réformes en cours ne soutiennent pas l’idée que le capitaine Ibrahim favorise les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds, cependant l’objectif est de renforcer l’équité du système judiciaire et d’assurer un traitement juste pour tous, sans distinction de statut ou de situation.

Détection d’une possible manipulation

Après une vérification approfondie via invideWeverify, il ressort que cette vidéo est une composition montée à l’aide du logiciel CapCut. L’analyse montre qu’elle est constituée de deux segments distincts : la première partie présente une intervention de la police ivoirienne lors d’une arrestation, tandis que la seconde partie est un extrait du discours du Capitaine Ibrahim Traoré. Ce montage donne une impression erronée de continuité entre ces deux éléments qui, en réalité, n’ont aucun lien direct.

En réalité, l’origine de la vidéo provient d’un extrait authentique de l’un de ses discours. Dans celui-ci, le Capitaine Ibrahim Traoré évoquait une réforme du code pénal burkinabé visant à rendre la justice plus équitable et accessible à toutes les couches sociales. Il soulignait notamment la nécessité d’adapter les peines en fonction des délits commis afin de corriger certaines inégalités du système judiciaire. Cependant, aucune déclaration ne permet de conclure qu’il favoriserait les voleurs tout en réprimant les criminels et les auteurs de détournements de fonds. Cette interprétation résulte d’une manipulation de ses propos facilitée par le montage trompeur de la vidéo.

Analyse de la vidéo via Invid-WeVerify
Analyse de la vidéo via Invid-WeVerify

 

Conclusion

L’affirmation selon laquelle le capitaine Ibrahim Traoré favoriserait les voleurs tout en réprimant les criminels et les détourneurs de fonds est infondée et ne repose sur aucun fait vérifiable. Les investigations menées révèlent que les réformes judiciaires en cours au Burkina Faso visent à renforcer l’équité du système juridique et à lutter contre l’impunité, sans accorder de traitement de faveur à des individus en particulier. De plus, l’analyse des sources officielles et des statistiques judiciaires montre que le gouvernement burkinabé s’engage activement à promouvoir une justice équitable pour tous, indépendamment du statut social ou de l’infraction commise. Par ailleurs, la vidéo à l’origine de cette rumeur a été identifiée comme étant une manipulation, où des éléments disparates ont été montés de manière trompeuse pour induire en erreur le public. Ainsi, il est clair que ces accusations ne reposent sur aucune base factuelle solide.

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