RDC : Goma est-elle vraiment libérée, ou s’agit-il d’une intox ?

Allégation : Selon plusieurs publications sur les réseaux sociaux, Goma aurait été libérée et les forces en marche vers Kinshasa.

Verdict : Faux !  après vérification des sources officielles et l’analyse des vidéos diffusées, il apparaît que l’affirmation selon laquelle « Goma est libérée » est incorrecte.

Depuis le 9 février, le compte X Brenda Monkango, suivi par 4 567 abonnés, a publié un tweet affirmant que « Goma est libérée, nous sommes en route pour Kinshasa. Freedom is coming ! Les Lions arrivent ! ». Ce tweet est rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux, générant 73,2 K vues, 86 commentaires, 77 retweets et 615 mentions « J’aime ».

Face à l’ampleur de cette publication et à son impact sur l’opinion publique, notre site de vérification des faits, Africheck, a mené des recherches approfondies afin de distinguer la vérité de la désinformation. À travers une analyse rigoureuse des sources et des vidéos associées, nous vous apportons les éléments factuels permettant d’éclairer cette affirmation.

• Existence de tensions à Goma

Les tensions à Goma, au Nord-Kivu en RDC, découlent d’un long passé de conflits ethniques et de luttes pour le contrôle des ressources naturelles. Depuis les années 1990, la région a été marquée par des violences, notamment avec la formation du groupe rebelle M23 en 2012, soutenu par le Rwanda. Après avoir pris Goma en 2012, le groupe s’est retiré sous pression, mais des tensions persistantes ont conduit à des affrontements récurrents.

Aujourd’hui, la situation reste tendue avec des attaques du M23 en février 2025, visant à reprendre le contrôle de Goma et de ses environs. Les violences sont exacerbées par les ressources naturelles de la région et les interventions extérieures. Les forces armées congolaises et l’ONU peinent à stabiliser la région, et la population locale continue de souffrir des conséquences de ces conflits prolongés.

• Vérification des sources de l’information

D’après une recherche inverse effectuée à l’aide de Google Lens et un croisement des données, nous avons pu retrouver l’origine de la vidéo diffusée sur le compte X de Brenda Monkango. En réalité, cette vidéo provient de la chaîne YouTube Dias-Conect TV, qui a manipulé son contenu avant de la republier. La source originale de cette séquence est un reportage de TV5 Monde, qui ne fait nullement état d’une libération de Goma, mais traite d’un événement en lien avec le groupe rebelle M23.

Selon le reportage de TV5 Monde, la vidéo montre un rassemblement du M23 auquel participait Corneille Nangaa, une figure clé accusée de crimes de guerre et de violations des droits humains en lien avec les activités de l’Alliance Fleuve Congo (AFC). Ce rassemblement mettait en avant une nouvelle perspective de poursuite des attaques et d’insurrection à Goma, ce qui va à l’encontre de l’affirmation selon laquelle la ville aurait été libérée.

Ces éléments démontrent que la publication affirmant que « Goma est libérée » est fausse. L’analyse des sources et des vidéos manipulées met en évidence une tentative de désinformation visant à influencer l’opinion publique. Il est donc essentiel de vérifier les sources avant de partager de telles informations.

• Analyse

Selon Les informations officielles disponibles telles que la présidence de la RDC jusqu’au 11 février 2025, la ville de Goma, située dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est actuellement sous le contrôle du groupe rebelle M23. Les Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), ont tenté de défendre la ville, mais les rebelles ont réussi à prendre le contrôle de la majeure partie de Goma fin janvier 2025. Des combats sporadiques se poursuivent dans certaines zones périphériques. Le M23 a annoncé son intention de poursuivre son avancée vers la capitale, Kinshasa. Par conséquent, l’affirmation selon laquelle « Goma est libérée » ne correspond pas à la situation actuelle.

Lire : TV5 ; the Guardian ; africacenter.

Conclusion

L’affirmation selon laquelle « Goma est libérée » ne repose sur aucune preuve vérifiable et a été largement démentie par les sources officielles. La ville reste sous tension, avec une présence active du M23 et des combats sporadiques signalés dans certaines zones. De plus, l’analyse des vidéos diffusées montre qu’elles ont été manipulées et sorties de leur contexte pour alimenter une fausse narration. Cette désinformation souligne l’importance de toujours vérifier l’authenticité des informations avant de les partager.