Donald Trump a-t-il réellement signé un décret suspendant les lois anti-corruption aux États-Unis le 10 février 2025 ?

Allégation : Le 10 février 2025, Donald Trump aurait signé un décret suspendant les lois anti-corruption américaines, y compris le Foreign Corrupt Practices Act, ce qui permettrait aux entreprises américaines de pratiquer la corruption à l’étranger sans conséquences.
Verdict : Le décret signé par Donald Trump le 10 février 2025, suspendant l’application du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) pendant 180 jours, est bien réel. Cependant, les affirmations circulant en ligne exagèrent certains effets.
Le 20 janvier 2025, Donald Trump est officiellement redevenu président des États-Unis après avoir remporté l’élection de 2024. Dès son retour à la Maison-Blanche, il a entrepris une série de réformes visant à modifier en profondeur la politique intérieure et extérieure du pays. Parmi ces changements, une rumeur largement relayée sur les réseaux sociaux affirme qu’il aurait signé, le 10 février 2025, un décret suspendant les lois anti-corruption américaines, notamment le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA).
Cette décision, si elle était avérée, marquerait un tournant majeur dans la lutte contre la corruption aux États-Unis et à l’international. Elle permettrait aux entreprises américaines d’opérer avec plus de liberté à l’étranger, quitte à recourir à des pratiques auparavant considérées comme illégales. Mais cette information est-elle fondée ? Donald Trump a-t-il réellement signé un tel décret ? AFRICHECK a mené l’enquête pour vérifier la véracité de cette allégation.
Vérification des faits
Analyse de la source de l’information
Pour vérifier cette information, AFRICHECK a commencé par enquêter sur ses sources. Nous avons découvert que, depuis quelques jours, plusieurs médias en ligne ont relayé l’information selon laquelle le président Donald Trump aurait signé, le 10 février 2025, un décret suspendant l’application du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA), et ce, pour une durée de six mois. Des sites comme Le Club des Juristes, Le Grand Continent, Village Justice et CNBC ont notamment publié cette nouvelle.
Cependant, nous avons constaté que cette information a rapidement été modifiée et amplifiée au fur et à mesure de sa diffusion. Après sa publication initiale dans les médias, l’affirmation a commencé à circuler sur des plateformes de messagerie, comme WhatsApp, où des utilisateurs ont ajouté des commentaires. Voici certains des messages qui circulaient :
- Les entreprises américaines auront plus de liberté pour faire des affaires à l’étranger.
- Elles pourront éventuellement recourir à des pratiques qui étaient auparavant considérées comme de la corruption.
- Il y aurait un risque accru de blanchiment d’argent aux États-Unis.
- On pourrait voir une hausse des activités financières illégales.
- Impact mondial : Les États-Unis, en tant que leader dans la lutte contre la corruption, pourraient inciter d’autres pays à assouplir leurs propres lois anti-corruption.
Ces ajouts, qui ne figuraient pas dans les articles d’origine, ont amplifié les inquiétudes, donnant l’impression que les États-Unis pourraient volontairement affaiblir leur cadre législatif pour lutter contre la corruption. AFRICHECK poursuit donc son investigation pour déterminer si cette information est exacte ou non.
Recherche officielle : Le décret existe-t-il réellement ?
Le décret : Analyse officielle de son contenu
Après avoir vérifié les sources et constaté que l’information circulait largement, AFRICHECK a approfondi sa recherche en consultant les documents officiels pour déterminer si ce décret signé par Donald Trump le 10 février 2025 existait réellement. Et effectivement, nous avons trouvé une ordonnance présidentielle qui confirme la suspension temporaire de l’application du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA).
Le décret ordonne la suspension des enquêtes et poursuites liées à cette loi pendant une période de 180 jours. Cette décision, selon l’administration Trump, répond à la volonté de protéger les intérêts économiques et la compétitivité des entreprises américaines, jugées désavantagées par une application trop stricte de cette loi dans le cadre de leurs activités internationales. Il est précisé que le procureur général devra examiner les enquêtes existantes pour garantir qu’elles respectent les limites appropriées.
Cette décision s’inscrit dans une démarche plus large visant à réévaluer l’impact de la FCPA sur les entreprises américaines à l’étranger. Toutefois, au-delà de l’aspect économique, cette ordonnance suscite des interrogations sur ses conséquences pour la lutte contre la corruption mondiale, un domaine dans lequel les États-Unis jouent traditionnellement un rôle de leader. AFRICHECK a ainsi poursuivi son analyse pour mieux comprendre les implications d’une telle décision sur la scène internationale.

Analyse des affirmations circulant en ligne par rapport à la réalité
Depuis la publication de l’information concernant le décret signé par Donald Trump, plusieurs affirmations ont circulé largement, notamment sur les plateformes de messagerie comme WhatsApp. Voici un éclairage sur ces affirmations à la lumière du texte officiel du décret :
Les entreprises américaines auront plus de liberté pour faire des affaires à l’étranger.
C’est effectivement une des conséquences du décret. En suspendant l’application du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) pendant 180 jours, les entreprises américaines bénéficieront d’une plus grande flexibilité pour mener leurs activités internationales sans risquer des poursuites liées à des pratiques commerciales qui auraient été considérées comme de la corruption.
Elles pourront éventuellement utiliser des méthodes auparavant considérées comme de la corruption.
Bien que le décret suspende l’application de la FCPA, il ne permet pas explicitement aux entreprises d’utiliser des méthodes corruptibles. Cependant, cette suspension pourrait créer un cadre moins contraignant pour certaines pratiques commerciales, ouvrant ainsi la porte à des interprétations plus larges des règles, ce qui pourrait potentiellement faciliter des pratiques précédemment considérées comme corruptives.
Risque accru de blanchiment d’argent aux États-Unis.
Cette affirmation est davantage une spéculation. Bien que la suspension de certaines enquêtes puisse, en théorie, créer des failles pour des activités illégales telles que le blanchiment d’argent, rien dans le décret ne tolère directement ces pratiques. Cependant, une surveillance réduite pourrait indirectement rendre plus difficile la détection de telles activités.
Augmentation possible des activités financières illégales.
Encore une fois, bien que le décret allège les contrôles en matière de corruption, il ne crée pas de cadre légal pour des activités financières illégales. Toutefois, il est possible que la réduction de l’application stricte de la FCPA ouvre la voie à des activités commerciales moins transparentes, notamment en termes de paiements et transactions douteuses.
Impact mondial : Les États-Unis, autrefois leaders dans la lutte contre la corruption, pourraient inciter d’autres pays à assouplir leurs lois.
Cette affirmation est plausible. Les États-Unis, en tant que modèle en matière de lutte contre la corruption, pourraient voir cette décision influencer d’autres pays à réduire ou assouplir leurs propres lois anti-corruption, notamment ceux qui cherchent à favoriser un environnement commercial plus favorable aux entreprises.
Conclusion
Bien que certaines des affirmations qui circulent soient fondées sur des éléments réels du décret, elles restent parfois exagérées ou partiellement inexactes. Le décret ouvre la voie à une certaine flexibilité pour les entreprises américaines, mais n’entraîne pas directement une légalisation de la corruption ou des activités illégales.