Est-il vrai que cette vidéo montre des filles qui se déshabillent pour être violées par les militaires du M23 ?

Allégations : Des soldats du M23 déshabillent des élèves pour les voiler.
Verdict : Faux, L’événement entre les FARDC et le M23 est une rumeur.
Depuis le 10 mars, une vidéo publiée par le compte X de Remy Manongo Mukambu, comptant plus de 23,1k abonnés, affirmant que les militaires du M23 déshabillent des filles pour les violer, circule sur les réseaux sociaux. Cette annonce a cumulé plus de 8 900 000 vues en quelques jours, 114 commentaires, ainsi que 65 retweets et 70 j’aime.
Face à cette situation virale, notre site de recherche Africheck a décidé de mener une vérification des faits afin de démêler le vrai du faux.
VERIFICATION DES FAITS
Analyse des sources officielles couvrant les hostilités au Congo
D’après une recherche minutieuse sur les événements marquants du conflit entre les FARDC et le M23, aucune source officielle ne mentionne un tel événement, malgré sa nature potentiellement répréhensible. Ni l’Agence Congolaise de Presse (ACP), ni Le Phare, ni L’Observateur n’ont relayé cette information. En réalité, toutes les actions d’une telle ampleur dans cette guerre sont systématiquement couvertes par ces médias et font la une de l’actualité en RDC. L’absence de cette information dans leurs publications suggère donc qu’il s’agit d’une rumeur infondée, non vérifiée par des sources crédibles.
Analyse contextuelle de la vidéo
En visionnant la vidéo, nous avons constaté que la langue couramment utilisée est l’anglais, contrairement au français qui est la langue généralement employée par les soldats du M23. Cette incohérence linguistique remet en question la crédibilité du sujet, car le M23 est connu pour privilégier le français dans ses communications. L’usage exclusif de l’anglais dans cet enregistrement soulève ainsi des doutes quant à l’authenticité des faits qui y sont présentés.
De plus, aucune image ne permet d’identifier clairement des soldats du M23 arborant leur tenue habituelle. Les éléments visuels manquent d’indicateurs permettant d’établir un lien direct avec ce groupe armé. À la place, on aperçoit une personne armée, vêtue entièrement de noir, une apparence qui ne correspond pas aux tenues généralement associées aux combattants du M23. Cette absence de distinction visuelle renforce le doute sur l’affiliation réelle des individus montrés dans la vidéo.
Enfin, bien que le M23 ne dispose pas d’uniformes officiels strictement définis, les tenues visibles dans la vidéo ne figurent pas parmi celles habituellement portées par ses combattants. Les images ne permettent donc pas de confirmer avec certitude que les individus présents appartiennent à ce mouvement. En l’absence d’éléments probants, cette vidéo ne peut être considérée comme une preuve fiable de l’implication du M23.
Origine de la vidéo
D’après une recherche inversée effectuée en utilisant l’outil Verifyinvide, nous avons pu identifier la source de la vidéo. Cette dernière a été diffusée par MbOa, une chaîne d’actualité locale du sud du Cameroun. Contrairement à ce qui avait été affirmé, il ne s’agit pas d’une vidéo récente liée à un événement de 2025, mais plutôt d’une séquence datant de janvier 2022. Cette vidéo provient en réalité d’un contexte historique bien ancré : la guerre entre les populations anglophones et francophones du Cameroun, un conflit qui dure depuis plusieurs années. Voir : TV5

Le contenu de la vidéo montre des soldats amazoniens, originaires de la partie anglophone du pays, pris en otage par les forces en présence. Ces soldats sont notamment filmés alors qu’ils déshabillent des élèves dans les écoles, un acte destiné à infliger une pression psychologique sur les jeunes. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie de terreur, visant à se faire entendre et à intensifier les tensions entre les communautés, déjà marquées par des décennies de conflit.
En outre, le tweet qui a accompagné cette vidéo manipule la vérité et diffuse une fausse information. Cette tentative de désinformation est clairement dénuée de fondement, car elle décontextualise les événements et les présente de manière à induire une interprétation erronée. Il est donc essentiel de traiter ce type d’images et d’informations avec une grande prudence, afin d’éviter la propagation de mensonges qui peuvent aggraver des situations déjà tendues.
Conclusion
L’analyse des sources officielles et de la vidéo montre que l’événement entre les FARDC et le M23 n’est pas confirmé par les médias congolais, suggérant qu’il s’agit d’une rumeur non vérifiée. La vidéo présente des incohérences, notamment l’utilisation de l’anglais au lieu du français, et l’absence de signes distinctifs des soldats du M23. De plus, la vidéo provient en réalité d’un événement de janvier 2022, lié au conflit anglophone au Cameroun, et a été manipulée pour diffuser de fausses informations. Il est donc essentiel de vérifier les sources avant de croire ou partager de telles informations.