Burkina Faso : Les étudiants vont-ils vraiment toucher 100 000 F CFA par mois ?

Allégation : Le gouvernement burkinabè, sous l’impulsion du capitaine Ibrahim Traoré, aurait décidé d’octroyer un salaire mensuel de 100 000 F CFA à tous les étudiants universitaires, sans condition de revenu ni de mérite, jusqu’à leur insertion professionnelle.
Verdict : Fake News ! Aucune preuve officielle ne confirme cette promesse ; il s’agit d’une fausse information.
Dans de nombreux pays africains, la question des aides financières accordées aux étudiants universitaires reste un sujet brûlant. Faibles montants, conditions d’accès strictes, retards de paiement… les allocations étudiantes peinent souvent à répondre aux besoins réels des jeunes en formation. Dans ce contexte, une annonce spectaculaire a récemment enflammé les réseaux sociaux : au Burkina Faso, les étudiants recevraient désormais un « salaire » mensuel de 100 000 F CFA, versé sans condition de revenu ou de mérite, et ce jusqu’à leur insertion professionnelle.
Derrière cette promesse, le nom du capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition burkinabè, revient systématiquement. Considéré par une large partie de la population comme le « sauveur » du pays, il incarne pour beaucoup un renouveau politique et social. Cette réputation alimente d’autant plus la crédibilité de certaines annonces partagées sur les plateformes numériques.
Relayée des milliers de fois sur Facebook, TikTok et WhatsApp, cette information suscite espoir, admiration… mais aussi interrogation. AFRICHECK a donc décidé de vérifier la véracité de cette affirmation : le gouvernement burkinabè a-t-il réellement décidé d’octroyer un salaire mensuel de 100 000 F CFA à tous les étudiants universitaires ?
Vérification des faits
D’où vient cette promesse de “salaire étudiant” au Burkina Faso ?
Pour commencer, AFRICHECK a retracé l’origine de cette information. Elle a été publiée pour la première fois dans la matinée du 31 mars 2025 par le média AfrikMag. Très vite, la publication est devenue virale sur sa page Facebook, récoltant plus de 40 000 mentions J’aime, 4 300 commentaires et 2 400 partages. Elle a ensuite été reprise sur TikTok, puis relayée dans de nombreux groupes WhatsApp.
Dans les commentaires, les avis sont partagés : certains félicitent le capitaine Ibrahim Traoré pour cette supposée initiative, qu’ils considèrent comme une preuve de son engagement envers la jeunesse. D’autres, plus sceptiques, dénoncent une information “trop belle pour être vraie”.
Mais de manière générale, plus de 80 % des commentaires exprimaient des doutes sur la fiabilité de l’annonce.
Que dit l’État burkinabè sur cette supposée allocation mensuelle ?
Pour aller plus loin dans notre vérification, nous avons consulté les sources officielles. Sur la page Facebook de l’Agence d’Information des Universités du Burkina, une mise au point formelle a été publiée le 31 mars 2025, en réaction à la rumeur. L’agence y écrit :
« Aucune information relative à ce sujet n’a été donnée par les autorités, par conséquent elle demeure fausse. Cette information véhiculée par ‘AfrikMag’ selon laquelle les étudiants bénéficieraient d’une aide de 100 000 F CFA jusqu’à leur insertion professionnelle n’est pas avérée. »
Elle précise que les seules aides existantes pour les étudiants sont :
- Le FONER (Fonds National pour l’Éducation et la Recherche) ;
- Le prêt FONER ;
- Les bourses académiques attribuées sur des critères spécifiques.
Témoignage d’une étudiante burkinabè
Pour compléter notre enquête, nous avons recueilli le témoignage de Kadi, étudiante en 3ᵉ année d’économie à l’Université Joseph Ki-Zerbo. Elle nous confie :
« Je n’ai vu aucun communiqué officiel parlant d’une telle mesure. Sur le campus, personne n’en a parlé de manière sérieuse. Mais vu les efforts du capitaine Ibrahim Traoré, ce ne serait pas surprenant que cela devienne une réalité un jour. »
Conclusion
L’annonce de cette aide mensuelle de 100 000 F CFA aux étudiants burkinabè est fausse. Aucune communication officielle ne confirme cette mesure, et les seules aides existantes restent les dispositifs classiques comme le FONER.
Ce type de fausse nouvelle prospère dans un contexte où la jeunesse africaine, souvent confrontée à des difficultés économiques, espère des mesures fortes et immédiates pour améliorer ses conditions de vie. L’image positive du capitaine Ibrahim Traoré, perçu comme un homme de rupture, renforce la crédibilité de ces annonces, même sans fondement. Il est donc essentiel de vérifier chaque information avant de la relayer, afin de ne pas nourrir de faux espoirs.